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O Marriot ! toi qui sur les bord : de l’Isis 1 as répété les chants de nos bardes, daigne maintenant prêter l’oreille à mes vers : tu vas connaître quel était cet homme de malheur qu’environne le mystère.

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I.

La brise qui dissipa les tourbillons de fumée des canons de Norham ne ridait pas seulement la surface diamantée des eaux de la Tweed, mais soufflant aussi sur la mer du nord, elle enflait les voiles d’un léger vaisseau qui, parti du couvent de Withbv, se dirigeait vers l’île de Saint-Cuthbert.

Cédant au souffle propice, le navire bondit sur les vagues, et les matelots sourient en voyant la proue sillonner avec rapidité l’écume verdure de la mer. Ils se montrent fiers aussi de leurs passagers, et contemplent sur le tillac l’abbesse de Sainte-Hilda dans un siège d’honneur, entourée de cinq jolies nonnes.

II.

C’était un spectacle charmant de voir ces saintes filles, semblables à des oiseaux échappés de leur cage pour la première fois : timides et curieuses en même temps, elles admiraient tout ce qui frappait leurs regards, car tout était nouveau pour elles.

L’une répète ses pieuses oraisons en regardant le hauban et les voiles ; une autre pâlit à chaque lame d’eau qui s’avance, et, dans sa terreur, elle se recommande à tous les saints ; celle-ci pousse un cri aigu à l’aspect du marsouin qui lève au-dessus de l’onde sa tête noire et ronde et ses yeux étincelais ; une quatrième ajuste les plis de son voile qu’avait soulevé le vent de la mer : peut-être elle craint qu’un œil profane n’entrevoie des appas consacrés au ciel : peut-être aussi parce que ce mouvement donne une nouvelle grace aux contours de son bras et à sa jolie taille.

(1) Rivière d’oxford. — En.