Page:Oeuvres de Walter Scott,Tome I, trad Defauconpret, 1830.djvu/212

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nage ne finira qu’à la miraculeuse source de Saint-Fillan, dont les eaux possèdent la vertu de calmer le délire et de rendre la raison. Fasse la Vierge Marie que je retrouve dans ces saints lieux la paix de mon cœur, ou puisse-t-il cesser de battre à jamais !

Ce fut dans ce moment que le page de sir Heron versa dans une coupe d’argent la libation de minuit, et l’offrit à genoux au lord Marmion, qui but au sommeil de son hôte. La coupe circula de main en main, et le pèlerin seul refusa de l’approcher de ses lèvres, malgré les instances de Selby.

C’était le signal de la fin du repas. On se tut. Les ménestrels cessèrent leurs chants, et bientôt on n’entendit plus dans le château que les pas mesurés de la sentinelle.

XXX.

Marmion se leva avec l’aurore. On alla d’abord à la chapelle ; on y entendit une messe dépêchée parle frère Jean, et un bon repas fut offert à Marmion. Bientôt les trompettes sonnèrent le boute-selle. On n’oublia pas le coup de l’étrier. Le baron et son hôte se conduisirent réciproquement en chevaliers courtois ; Marmion remercia le gouverneur, qui, de son côté, s’excusa avec modestie. Ce cérémonial se continua jusqu’à ce que Marmion eût vu défiler son cortège, et lui-même partit. Aussitôt les trompettes firent retentir les échos de leurs fanfares ; le canon ébranla les remparts, et le rivage d’Ecosse ; une épaisse fumée, blanche comme la neige, enveloppa le château et ses vieilles tours, jusqu’à ce que la brise de la Tweed l’eût dissipée et éclairci de nouveau l’horizon.