Page:Oeuvres de Walter Scott,Tome I, trad Defauconpret, 1830.djvu/202

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v.

Lord Marmion presse son coursier rouan, qui galope avec fierté sur le pont. Son casque pend à l’arçon de la selle. On reconnaît à son visage basané qu’il fut témoin actif de plus d’une bataille, et une cicatrice atteste sa valeur aux plaines de Bosworth. Son sombre sourcil et son œil de feu décèlent un esprit altier et irascible ; mais les rides de la pensée qui sillonnent son front indiquent aussi une âme capable de profonds desseins et prudente dans le conseil. Son front est devenu chauve par l’habitude du casque. Ses épaisses moustaches et sa noire chevelure commencent à blanchir, mais c’est plutôt l’effet des fatigues que de l’âge. À la carrure de sa taille et à la vigueur de ses membres, on devine bien que ce n’est point un chevalier de salon ; mais dans le combat, adversaire redoutable, il est dans les camps chef expérimenté.

vi.

Armé de pied en cap, il était revêtu d’une cotte de mailles tissue d’argent et d’acier de Milan. Son casque solide, d’un grand prix, était recouvert d’or bruni ; au milieu du panache qui surmontait son cimier, un faucon noir aux ailes étendues semblait planer sur son aire pour défendre ses petits. On voyait sur son écu le même oiseau blasonné de sable en champ d’azur avec cette devise :

la mort a qui me touche.

Les rênes brodées de son cheval étaient bleues ; les rubans qui ornaient les flots de sa crinière, et sa superbe housse de velours chamarrée d’or, étaient de la même couleur.

vii.

Après lord Marmion s’avançaient deux écuyers de race noble, nés de pères chevaliers, tous deux brûlant de réclamer les éperons d’or ; habiles à dompter un cheval de bataille, à tendre l’arc, à manier l’épée, à courir légèrement la bague. Non moins avancés dans la courtoisie, ils