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CHANT PREMIER.

Le Château.

À WILLIAM STEWART RUSE, ESQ.
Ashesteil, Fauta Forest.

Le ciel de novembre est froid et sombre ; la feuille de novembre est rougeâtre et desséchée. Naguère du haut de ces rocs escarpés d’où le torrent descend en cascade et qui entourent notre petit jardin, lorsque nos yeux plongeaient dans la sombre et étroite gorge de la ravine[1] vous aperceviez à peine le ruisseau, tant le taillis croissait épais sur ses rives, tant étaient rares les petits filets de son cours ; maintenant, retentissant au loin et se montrant maintes fois à travers les ronces et les buissons dépouillés de verdure, il balaie la clairière, et, torrent courroucé, franchit en mugissant les rochers, retombe en cascade sauvage, puis d’un cours plus rapide précipite jusqu’à la Tweed l’écume noire de ses flots.

Les couleurs brillantes de l’automne ne s’étendent plus sur les bois de nos monts. Au déclin du soleil, la Tweed ne réfléchit plus leur couronne empourprée ; elle a disparu la bruyère des monts de Needpath, jadis si riches de ses fleurs ; le sommet de ce mont a pris une teinte plus pâle, et les cimes jumelles de l’Yare sont nues et couleur de rouille. Les moutons, fuyant un air trop froid, redescendent dans les vallons abrités, où languissent encore quelques herbes fanées, où brille quelque humide rayon : leurs regards craintifs se fixent tour à tour avec une calme tristesse sur le gazon flétri et sur le ciel nébuleux. Loin des hauteurs qui les ont nourris pendant l’été, ils errent le long du ruisseau de Glenkinnon ; le berger s’entoure des plis de son manteau pour

  1. Gien, ravine, vallon entouré de montagnes. — Ed.