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CHANT SIXIÈME.

qu’ils prononçaient ces vœux, on dit que la noble dame épouvantée renonça pour jamais à employer le secours de la magie.

xxvii.

Je ne parlerai pas de la noce qui eut lieu peu de temps après ; je ne vous dirai pas combien de fils vaillans, combien d’aimables filles couronnèrent l’amour de la fleur du Teviot et de l’héritier de Cranstoun. Après une scène si terrible, il serait inutile de vouloir produire des sons d’allégresse. Il convient mieux de parler du jour marqué par la pénitence et la prière, où la troupe des pèlerins se rendit solennellement dans le saint temple de Melrose.

xxviii.

Chacun d’eux marchait les pieds nus, le corps couvert d’un sac, et les bras croisés sur la poitrine. Dans tout ce long cortège on aurait eu peine à entendre le bruit de leurs pas, le son de leurs voix ; à peine osaient-ils respirer. Vainement on aurait cherché en eux l’air imposant, le port martial ; leur gloire était éclipsée, leur orgueil abattu, leur illustre nom oublié. D’un pas lent, et dans un profond silence ils s’avancèrent vers l’autel sacré, et se prosternèrent humblement. Sur la tête des guerriers supplians flottaient les bannières des anciens héros ; sous leurs pieds étaient les cendres de leurs pères ; et autour d’eux les saints et les martyrs, dans leurs niches, semblaient les regarder d’un air sévère…

xxix.

Couverts d’étoles blanches comme la neige, de scapulaires et de capuchons noirs, les saints Pères arrivèrent sur deux rangs en procession solennelle par une des ailes de l’église. Ils portaient des cierges, des missels et l’hostie consacrée ; une sainte bannière avec le nom du rédempteur flottait devant eux. L’abbé, couvert de sa mitre, étendit la main sur les pèlerins agenouillés devant lui, leur donna sa bénédiction en faisant sur eux le signe de la croix ; il pria le ciel de leur accorder sagesse dans leurs