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CHANT SIXIÈME.

Howard, devint le favori de lord Wiltiam et le chef de ses ménestrels.

xv.
fitztraver

— C’était la veille de la Toussaint[1], et le cœur de Surrey battait vivement. La cloche qui sonna minuit le fit tressaillir, en lui annonçant l’heure mystérieuse à laquelle le sage Cornelius lui avait promis de lui faire voir, par la puissance de son art, la dame de ses pensées, dont il était séparé par le vaste Océan : le sage l’avait assuré qu’il la lui montrerait sous sa forme naturelle, et qu’il lui ferait connaître si elle l’aimait encore, et si elle pensait toujours à lui.

xvi

Le magicien conduisit le vaillant chevalier sous les voûtes d’une salle où régnaient de sombres ténèbres ; la faible clarté d’un cierge bénit brillait seule devant un grand miroir, et découvrait les instrumens mystérieux de l’art magique, l’Almageste, une croix, un au tel, des caractères cabalistiques et des talismans. Cette lumière était pâle, tremblante, incertaine comme celle qui éclaire le lit de l’homme que la sépulture réclame.

xvii.

Mais bientôt une vive clarté jaillit du grand miroir, et le comte y vit se dessiner des objets vagues et sans forme, tels que ceux que nous présentent les rêves. Ils se fixèrent peu à peu, et offrirent à ses yeux un grand et bel appartement ; la pâle lueur de la lune unie aux rayons d’une lampe qui brûlait près d’une couche formée des belles soies d’Agra, en éclairait une partie ; le reste demeurait dans l’obscurité,

xviii.

Ce spectacle était beau ; mais qu’elle était plus belle encore la dame qui reposait sur cette couche des Indes ! Des

  1. D’après une superstition écossaise, la veille de la Toussaint est le jour le plus propre aux apparitions de spectres, de fantômes, et aux apparitions magiques. — Ed.