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LE LAI DU DERNIER MÉNESTREL

muses. Ils dansent, boivent, et font retentir les tours de leurs accens d’allégresse.

iv.

Je ne dirai point la splendeur avec laquelle la fête de l’hymen fut célébrée. À quoi bon décrire les jeunes filles, les nobles dames, les écuyers et les chevaliers qui se réunirent dans la chapelle ; les bijoux, les riches manteaux, les fourrures de prix, les panaches ondoyans, les éperons et les chaînes d’or, qu’on vit briller autour de l’autel. Quel barde pourrait peindre cette aimable rougeur que la pudeur faisait naître et mourir tour à tour sur les joues de Marguerite ?

v.

Quelques bardes ont dit que sa mère n’approcha pas de l’autel, n’entra même pas dans la chapelle, n’assista point à la cérémonie sainte, parce qu’elle n’osait paraître dans un lieu consacré : mais ces bruits sont faux et calomnieux. Elle ne s’occupait pas de magie noire[1] ; il est certaines formules et certains signes qui ont du pouvoir sur les esprits par l’influence des planètes ; mais j’ai peine à approuver ceux qui se livrent à cet art dangereux. Cependant je puis dire avec vérité que la noble dame était près de l’autel. Elle portait une robe de velours noir bordée d’hermine, avait sur la tête une coiffure de soie cramoisie, brodée en or et en perles, et tenait sur le poing un faucon attaché avec une tresse de soie.

vi.

La cérémonie nuptiale se termina vers midi, et un festin splendide fut servi dans la grande salle. L’intendant et les écuyers s’empressèrent d’assigner la place à chaque convive. La table était couverte des mets les plus recherchés ; on n’y avait oublié ni le paon doré, ni la tête de sanglier, ni le ptarmigan, ni le jeune cygne des étangs de Sainte-Marie. Le prêtre donna sa bénédiction à tous les

  1. Voyez la note 1. — Ed.