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CHANT CINQUIÈME.

j’ai combattu. — À ces mots, prenant par la main le jeune Buccleuch, il le conduit à sa mère.

xxv.

Elle couvrit de baisers le fils qui lui était rendu, et le pressa long-temps sur son sein ; car malgré l’intrépidité qu’elle avait cherché à montrer, son cœur avait tremblé à chaque coup porté à son champion. Cependant elle ne daigna pas remercier lord Cranstoun, qui fléchissait un genou devant elle. Il n’est pas besoin de rapporter tout ce que dirent Douglas, Home et Howard, car Howard était un ennemi généreux, ni les prières que tout le clan adressa à la châtelaine pour qu’elle oubliât la haine qui avait divisé les deux familles, et daignât bénir l’hyménée du seigneur de Cranstoun avec la fleur du Teviot.

xxvi.

Elle jeta les yeux alternativement sur la rivière et sur la montagne, et se rappela les paroles prophétiques des deux esprits. Rompant enfin un silence jusqu’alors inflexible : — Ce n’est pas vous qui l’emportez, dit-elle, mais je cède à la destinée. Les astres peuvent verser une influence favorable sur les eaux du Teviot et sur la tour de Branksome, car l’orgueil est dompté et l’amour est libre[1]. — Prenant alors la main de la belle Marguerite qui, éperdue et tremblante, pouvait à peine respirer et se soutenir, elle la mit dans celle du lord Cranstoun : — Que ce nœud d’amour, dit-elle, attache nos deux maisons l’une à l’autre, et soit le gage d’une fidélité réciproque et inviolable ; c’est aujourd’hui le jour de vos fiançailles, et ces nobles lords voudront bien rester pour les honorer de leur présence.

xvii.

En retournant au château, elle apprit de Cranstoun comment il avait combattu Deloraine ; comment son page avait soustrait au chevalier blessé le livre merveilleux ; comment il s’était introduit le matin dans le château, à

  1. Voyez chant I, stance <span class="romain" title="Nombre xvii. — Ed. écrit en chiffres romains">xvii. — Ed.