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CHANT CINQUIÈME.

pour en voir sortir les combattans, et chacun vante les prouesses de celui des champions que ses vœux favorisent.

xv.

Cependant la noble maîtresse du château n’était pas sans inquiétude, car une querelle s’était élevée entre Harder et Thiriestane, jaloux l’un et l’autre de combattre pour Deloraine. Chacun d’eux faisait valoir sa fortune, son rang, sa noblesse, déjà ils fronçaient les sourcils ; mais ils furent bientôt d’ac cord, car tout à coup on vit paraître Deloraine lui-même, guéri de toute souffrance, paraissant avoir recouvré toute sa vigueur, armé de pied en cap, et réclamant le droit de soutenir lui-même sa querelle. La châtelaine s’applaudit de la vertu de son charme,[1] et les deux fiers rivaux renoncèrent à leurs prétentions.

xvi.

En partant pour le champ clos, Howard tint les rênes de soie du palefroi de la noble dame, et marcha sans armes à son côté, lui parlant avec courtoisie de faits d’armes du temps passé. Il était richement vêtu : des dentelles de Flandre tombaient sur sa veste de peau de buffle doublée et bordée de soie ; ses bottes de cuir jaune étaient armées d’éperons d’or ; son manteau était de fourrure de Pologne ; et son haut-de-chausses couvert d’une broderie en argent ; son glaive de Bilbao, dont plus d’un maraudeur avait senti le tranchant, était suspendu à un large baudrier enrichi de pierres précieuses, et de là venait que sur toutes les frontières les habitans, dans leur style grossier, nommaient le noble Howard — William au Baudrier. —

xviii.

Derrière lord Howard et la noble dame était la belle Marguerite, montée sur son palefroi. Sa robe, qui flottait jusqu’à terre, était d’une blancheur éclatante, ainsi que

  1. Voyez chant III, stance xxii. — Ed.