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LE LAI DU DERNIER MÉNESTREL

ritable amour, fait tomber les larmes de la rose et de l’aubépine sur le cercueil du ménestrel. Le fantôme du chevalier qui voit sa gloire s’éclipser sur la plaine qu’il a couverte de morts monte sur le vent des ouragans, et fait retentir de ses cris le champ de bataille. Du haut des nuages qui lui servent de trône, le Chef, dont l’antique couronne féodale brilla long-temps dans les vers du poète, voit, dans les domaines qui lui appartenaient autrefois, ses cendres reposer sans distinction ; son rang, son pouvoir, sa mémoire même se perdent dans l’obscurité des âges ; ses gémissemens remplissent les cavernes solitaires, et dans sa douleur ses larmes grossissent le cours des ruisseaux ; tous regrettent que la harpe brisée du ménestrel ne chante plus leurs louanges, ne fasse plus entendre leur nom.

iii.


À peine avait-on arrêté les soldats prêts à donner l’assaut ; à peine était-on convenu des conditions de la trève, qu’on aperçut du haut des tours de Branksome une troupe nombreuse de guerriers qui s’avançaient pour secourir le château. D’épais nuages de poussière s’élevaient dans le lointain ; on, entendait le bruit sourd de la marche des chevaux ; un rayon de soleil faisait briller de temps en temps les lances qui s’élevaient au-dessus, des rangs ; et les bannières féodales déployées désignaient les Chefs qui arrivaient au secours de Branksome.

iv.

Je n’ai pas besoin de nommer chacun des braves clans qui venaient du centre des frontières. Le Cœur sanglant brillait à l’avant-garde et annonçait Douglas, nom redouté. Je n’ai pas besoin de dire quels nobles coursiers hennirent, quand les sept lances de Wedderburne[1]rangèrent leurs soldats en ordre de bataille, et que Swinton tint en main cette arme redoutable qui avait autrefois

  1. Voyez la note i. — Ed.