Page:Oeuvres de Walter Scott,Tome I, trad Defauconpret, 1830.djvu/148

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
144
LE LAI DU DERNIER MÉNESTREL

range ses braves hommes d’armes sous les bannières de l’aigle et de la croix, pour vous couper la retraite du côté du Cumberland ; les vallées de Jedwood, d’Esk et de Teviot prennent les armes à la voix du fier Angus, et les Merses et les Lauderdales suivent les drapeaux du vaillant Home. Exilé du Northumberland, j’ai long-temps erré dans le Liddesdale, mais mon cœur est toujours pour l’Angleterre ; j’ai frémi à la vue des dangers qui menacent mes compatriotes, et j’ai couru toute la nuit pour venir vous annoncer quelles forces se rassemblent contre vous.

xxix.

— Qu’elles viennent ! s’écria l’impétueux Dacre ; ce cimier, l’orgueil de mon père, qui a flotté sur les rivages de la mer de Judée, qu’ont agité les vents de la Palestine, sera planté sur les plus hautes tours de Branksome, avant l’arrivée de ce secours tardif. Que la flèche parte, que les traits sifflent dans les airs, que la hache sape les murailles ; braves gens, criez tous : — Dacre et l’Angleterre ! — vaincre ou périr

xxx.

— Ecoutez-moi, dit Howard, écoutez-moi avec calme, et ne croyez pas que la crainte dicte mes paroles, car qui a jamais vu le lion blanc reculer sur le champ de bataille ou dans la mêlée ? mais risquer ainsi l’élite de nos frontières contre toutes les forces d’un royaume, vouloir que nos trois mille hommes combattent dix mille Écossais, ce serait un acte de folie et de témérité. Acceptons les conditions de la noble dame, et que Musgrave se mesure avec Deloraine en combat singulier. S’il triomphe, nous profiterons de sa victoire ; s’il est vaincu nous n’aurons perdu qu’un guerrier, et notre armée évitera la défaite, la mort et la honte.

xxxi.

L’orgueilleux Dacre ne goûta point l’avis prudent de son frère d’armes ; il y céda toutefois d’un air sombre et mécontent. Mais les frontières ne virent plus ces deux