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LE LAI DU DERNIER MÉNESTREL

lait sur sa poitrine ; il conduisait un enfant par la main ; Quel spectacle pour les yeux d’une mère ! c’était l’héritier du grand Buccleuch. Le héraut fit son salut, et annonça en ces termes les volontés de son maître.

xxiv.

— C’est à regret, puissante dame, que mes nobles seigneurs tirent l’épée contre une belle dame ; mais ils ne peuvent souffrir plus long-temps que toutes nos frontières du côté de l’occident soient pillées et ravagées par votre clan ; au mépris de toutes les lois ; il ne convient ni à votre naissance ni à votre rang d’ouvrir dans votre château un asile pour les proscrits. Nous réclamons de vous William Deloraine, afin qu’il subisse le châtiment de ses méfaits. Cette année encore, la veille de saint Cuthbert, il est venu à Stapleton, sur le Leven, piller les terres de Richard Musgrave, dont il a égorgé le frère. Puisqu’une châtelaine privée de son époux ne peut réprimer ces audacieux maraudeurs, recevez dans votre château deux cents hommes d’armes de mon maître, sinon il va faire sonner la charge et donner l’assaut à votre garnison, et ce bel enfant sera conduit à Londres, pour être page du roi Édouard.

xxv.

Il se tut ; et l’enfant se mit à pleurer en étendant ses faibles bras vers les murailles ; il implorait le secours de tous ceux qu’il reconnaissait, et semblait vouloir embrasser sa mère. Les joues de la noble dame perdirent leurs couleurs, et une larme se glissa, malgré elle, entre ses paupières. Elle jeta les yeux sur les guerriers qui l’entouraient, et qui fronçaient le sourcil d’un air sombre ; puis, étouffant les soupirs qui cherchaient à s’échapper de son sein, elle reprit son sang-froid, et répondit avec calme :

xxvi.

— Dis à tes vaillans maîtres qui font la guerre aux femmes et aux enfans, que William Deloraine se justifiera par le