Page:Oeuvres de Walter Scott,Tome I, trad Defauconpret, 1830.djvu/143

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
139
CHANT QUATRIÈME.

devint rétif, rua, se cabra, et refusa d’obéir aux rênes. Ce ne fut pas sans peine que Wat Tinlinn parvint à lui faire faire un mille d’Écosse. Mais, comme ils traversaient un ruisseau peu profond, le page reprit tout à coup sa première forme, par une métamorphose semblable à celle des figures fantastiques que nos songes nous présentent. — Perdu ! perdu ! perdu ! s’écria-t-il en prenant la fuite ; et il riait en courant avec vitesse ; mais la flèche de Wat Tinlinn, plus prompte que le nain, lui perça l’épaule. La mort n’avait pas de droits sur le nain : sa blessure se guérit en un instant, nais la douleur lui arracha un grand cri. Wat Tinlinn, l’œil effaré, retourna au château de Branksome.

xvi.


Il est déjà sur le sommet de la hauteur qui domine sur les tours et sur les bois de Branksome ; un bruit lointain de guerre annonce l’arrivée des Anglais ; les sons de la cornemuse des frontières et du cor martial se confondent dans la profondeur de la forêt. Il entend le hennissement des chevaux et les pas mesurés des soldats, que couvrait quelquefois le bruit éclatant des tymbales d’Almayn. Bientôt au-dessus du taillis il voit s’élever des bannières écarlates ; et les casques, les lances, les boucliers brillent à travers les buissons d’aubépine.

xvii.


Les fourrageurs, troupe légère, montés sur d’habiles coursiers, courent en avant pour reconnaître le terrain. Derrière eux, en rangs serrés, les archers de Kendal, en uniforme vert, sortent du bois au son du cor. À leur suite, et pour les soutenir, s’avancent les soldats de lord Dacre, armés de haches, race endurcie, née sur les bords de l’Irthing. Portant la ceinture blanche et la croix rouge, ils suivent la bannière qui avait flotté sur les murs d’Acre ; et tandis qu’ils s’avançaient en bon ordre, des ménestrels chantaient l’air : — Le noble lord Dacre habite les frontières.