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NOTES DE GLENFILAS

NOTE 5. — Paragraphe IV. — La puissante prière de saint Fillan.

Saint Fillan a donné son nom à plusieurs chapelles et sources saintes en Écosse. C’était, selon Camerarius, un abbé de Pittenweem, comté de Fife ; fonction dont il se démit pour aller mourir dans les solitudes de Glenurchy, l’an du Seigneur 649. Pendant qu’il était occupé à transcrire les Ècritures, sa main gauche jetait un éclat de lumière si vif, qu’il y voyait suffisamment, sans autre clarté ; ce miracle économisa beaucoup de chandelles au couvent, le saint passant des nuits entières à écrire. Le 9 de janvier est dédié à ce saint, qui a laissé son nom à Kilfillan, dans le canton de Renrew, et à Saint-Phillans, ou Forgend, dans le comté de Fife. L’historien Lesley, liv. VII, nous dit que Robert le Bruce avait en sa possession le bras miraculeusement lumineux de saint Fillan enfermé dans une châsse d’argent, et qu’il portait à la tête de son armée. Avant la bataille de Bannockburn le chapelain du roi, homme de peu de foi, s’empara de cette relique, et la cacha en lieu sûr, de peur qu’elle ne tombât entre les mains des Anglais. Mais soudain, pendant que Robert adressait sa prière à la châsse vide, on la vit s’ouvrir et se refermer aussitôt, et l’on reconnut que le saint avait déposé son bras dans la châsse comme un gage de la victoire. Quoique Bruce n’eût guère besoin que le bras de saint Fillan vînt au secours du sien, il lui dédia en reconnaissance une abbaye à Kiliin, sur le Loch Tay.

Dans le Scots Magazine de juillet 1802 (recueil périodique qui vient d’être continué avec un grand talent) on trouve la copie d’une curieuse charte de la couronne, datée du 11 juillet 1487, par laquelle Jacques III confirma à Malise Doire, habitant de Srathfillan dans le Perthshire, la jouissance paisible d’une relique de saint Fillan appelée le Quegrich, qu’il avait héritée de ses ancêtres depuis le temps de Robert le Bruce. Comme le Quegrich servait à guérir des maladies, ce document est probablement la patente la plus ancienne accordée à un remède de charlatan (quack-medicine). L’ingénieux correspondant qui l’a fourni ajoute qu’on peut lire des renseignemens plus détaillés sur saint Fillan dans le Bœce de Belienden, tom. IV, fol. CCXIII, et dans le Voyage de Pennant en Écosse, 1772, pag. 11 et 15.