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CHANT TROISIÈME.

xxviii.

La belle Marguerite, du haut de la tourelle, entendit le bruit des coursiers, des harnais, des armures et des armes, lorsque les cavaliers s’élancèrent sur la selle en mêlant leurs diverses acclamations ; les uns se dirigèrent vers le nord ; les autres vers le sud, ceux-ci vers l’est, ceux-là vers l’ouest, pour reconnaître l’ennemi, surveiller sa marche, et faire armer leurs vassaux et leurs alliés.

xxix.

Un page s’empressa de réveiller la flamme endormie des signaux ; une lueur rouge se répandit dans l’horizon, et une colonne de flammes s’éleva vers la voûte des cieux, semblable à une bannière sanglante agitée par les vents. Bientôt le même signal fut répété sur vingt montagnes ; car chaque poste était prêt, et la flamme de l’un servait d’avis pour l’autre. On les voyait s’allumer tour à tour comme ces astres qui se succèdent pendant la nuit. Ils brillèrent sur le rocher sourcilleux habité par l’aigle solitaire, et sur le monument pyramidal sous lequel reposent les cendres de vaillans Chefs. Dunedin[1] vit ces feux sur le Soltra et sur le Law[2] de Dumpender, et tout le Lothian entendit l’ordre donné par le régent de se préparer à marcher vers les frontières.

xxx.

Pendant toute la nuit le bruit des armes retentit dans les murs de Branksome, et la cloche du château frappa les airs des sons lents et solennels du tocsin. Les pierres massives et les barres de fer étaient apportées dans les tours et les donjons, pour faire pleuvoir la mort sur les ennemis ; les sentinelles répétaient sans cesse le mot d’ordre ; et les chiens, étonnés de ce bruit continuel, augmentaient le tumulte par leurs hurlemens.

xxxi.

Au milieu de tous ces embarras, la noble dame parta-

  1. Château d’Edimbourg. — Ed.
  2. Montagne de forme conique. — Ed.