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LE LAI DU DERNIER MÉNESTREL

de tous liens ; sa joue de rose était appuyée sur sa main, et ses yeux bleus se tournaient du côté de l’ouest, car les amans aiment l’étoile qui brille vers l’occident.

xxv.

Est-ce cet astre qu’elle voit apparaître lentement sur le sommet du Penchryst, et qui, brillant à chaque instant de nouveaux feux, semble secouer sur la nuit sa chevelure rayonnante ? Est-ce l’étoile de l’occident qui répand cette rouge lumière ? Non ; c’est le signal embrasé de la guerre… À peine si Marguerite peut respirer ; elle ne reconnaît que trop cette flamme, brillant précurseur du trépas.

xxvi.

La sentinelle l’aperçoit en même temps ; son cor retentit au loin ; ces sons guerriers sont répétés par l’écho des rochers, des bois et des rivières ; ils jettent l’alarme dans la grande salle, et en font sortir tous les guerriers, qui se précipitent dans la cour. La cour fut à l’instant éclairée par cent torches, à la lueur desquelles on voyait briller confusément les casques et les panaches ; et les lances, se heurtant en désordre, semblaient des roseaux agités par le vent sur les bords d’un ruisseau.

xxvii.

Le sénéchal, dont la flamme des torches rougissait les cheveux blancs, se tenait au milieu de la troupe, donnant ses ordres d’un air imposant et d’un ton d’autorité. Le signal brille sur le mont Penchryst, et se répète sur les sommets du Priesthaughswire. — À cheval ! à cheval ! qu’on observe les mouvemens de l’ennemi ! À cheval pour Branksome. — Toi, Todrig, cours avertir le clan des Johnstones, qui furent toujours aussi fidèles que braves. Il est inutile d’envoyer à Liddesdale ; il suffira qu’on y voie les flammes des signaux ; les Elliots et les Armstrongs ne se feront pas attendre… Alton, pars sans délai, va prévenir le gouverneur des frontières… Gilbert, allume le feu qui doit avertir notre clan et nos amis.