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CHANT TROISIÈME.

xv.

Ecoutez ! écoutez ! le bruit des aboiemens s’approche de plus en plus. Un limier paraît dans le sentier ; son museau incliné semble chercher une piste, et son œil lance le feu. Dès qu’il aperçut l’enfant, il courut sur lui avec fureur. Vous auriez vu avec plaisir la contenance du brave enfant, digne fils de son noble père. Le visage rouge de colère et de crainte, il s’arrêta pour faire face au limier, et leva sa baguette. Il en frappa même si bien son ennemi, que celui-ci, n’osant avancer, fit halte à son tour, continuant à aboyer, et semblant guetter l’instant de s’élancer sur lui. Tout à coup un archer parut à travers le taillis ; et, voyant le limier en arrêt, il bandait son arc, et il allait faire partir la flèche, quand une voix forte s’écria : — Ne tire pas, Édouard, ne tire pas ! c’est un enfant.

xvi.

Celui qui venait de parler ainsi sortit du bois, arrêta le bras de son compagnon, et apaisa la fureur du chien. C’était un archer anglais du comté de Lancastre. Nul n’avait l’œil plus juste ni la main plus sûre pour abattre un daim à cinq cents pieds de distance. Des cheveux noirs, coupés très-court, entouraient son visage brûlé par le soleil ; la croix de saint George, emblème de la vieille Angleterre, était attachée à sa toque ; son cor était suspendu à son côté par un baudrier de peau de loup, et son couteau de chasse, brillant et bien affilé, avait tranché les jours de plus d’une bête fauve,

xvii.

Ses vêtemens, verts comme les feuilles de la forêt, lui descendaient à peine aux genoux et il portait à sa ceinture un carquois poli et plein de flèches acérées. Son bouclier avait à peine neuf pouces en tous sens. Il n’aurait pas regardé comme un homme celui qui aurait blessé son adversaire au-dessous du genou. Il tenait en main son arc détendu, et la courroie lui servait à mener son chien en lesse.