Page:Oeuvres de Walter Scott,Tome I, trad Defauconpret, 1830.djvu/124

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
120
LE LAI DU DERNIER MENESTREL

demi caché et à demi avoué animait ses joues d’un vermillon plus vif ; quand un soupir prêt à s’échapper de son sein le faisait battre doucement contre le ruban de soie qui le tenait captif, quand ses yeux bleus, ombragés par les boucles de sa chevelure d’or, trahissaient son secret, où auriez-vous pu trouver la beauté sans égale digne d’être comparée à Marguerite de Branksome ?

xxix.

Et maintenant, belles dames, il me semble que vous écoutez mes chants avec une nouvelle attention. Vous rejetez en arrière votre chevelure flottante, et vous penchez vos fronts de neige. Vous croyez que je vais vous faire entendre l’histoire attendrissante de deux amans bien épris, s’entretenant dans une vallée ; vous désirez savoir comment le chevalier, brûlant du plus tendre feu, cherche à peindre son amour fidèle, et jure qu’il mourrait aux pieds de Marguerite, plutôt que de cesser de l’aimer….., pendant que Marguerite rougit, soupire, hésite entre un refus et un doux aveu, et dit qu’elle ne connaîtra jamais les liens de l’hymen, mais que, si la haine sanguinaire des partis pouvait s’éteindre, Henry de Cranstoun fixerait le choix de Marguerite de Branksome.

xxx.

Hélas ! belles dames, votre espérance sera trompée : ma harpe a perdu ses accords enchanteurs ; ce sujet aimable et léger conviendrait mal à ma vieillesse : ma tête a blanchi, ma main est sans force, mon cœur s’est éteint, et tout mon sang s’est glacé ; pourrais-je encore chanter l’amour ?

xxxi.

Sous un chêne que le temps avait couvert de mousse, le nain du baron gardait le coursier de son maître, sa lance et son heaume surmonté d’un panache. Ce nain était à peine une créature humaine, s’il faut ajouter foi aux différens bruits qui couraient sur toute la frontière. On disait que le baron, étant un jour à la chasse dans la vallée