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CHANT SECOND.

xxv.

Le soleil dorait déjà le Cheviot et la côte du Carter ; bientôt ses célestes rayons découvrirent les flots du Teviot et les tours de Branksome. Les oiseaux saluaient le jour naissant par leurs concerts ; les fleurs sortaient de leur sommeil pour s’épanouir ; la pâle violette soulevait sa tête à travers le gazon, et la rose des montagnes entr’ouvrait son sein. Plus belle que la plus belle des roses, mais plus pâle que la violette, la plus aimable des filles de la vallée de Teviot quitta sa couche que fuyait le sommeil.

xxvi.

Pourquoi la belle Marguerite se lève-t-elle de si grand matin ? Pourquoi se presse-t-elle ainsi de se parer ? Pourquoi ses jolis doigts tremblent-ils en serrant les nœuds de soie qu’elle forme à la hâte ? Pourquoi s’arrête-t-elle pour regarder derrière elle d’un air craintif en se glissant dans l’escalier dérobé ? Pourquoi caresse-t-elle le limier qui se réveille en l’entendant passer ? Et quoiqu’elle sorte seule par la poterne, pourquoi la sentinelle ne sonne-t-elle pas du cor ?

xxvii.

Marguerite s’avance d’un pas timide et tremblant, parce qu’elle craint que sa mère vigilante ne l’entende ; elle caresse le limier, de peur que ses aboiemens n’éveillent tout le château ; la sentinelle ne sonne pas du cor, parce que c’est le fils de son père nourricier qui veille sur le rempart ; et elle se glisse dans le taillis, au retour de l’aurore, pour y joindre son chevalier fidèle, le baron Henry.

xxviii.

Le chevalier et celle qu’il aime sont assis sous les rameaux d’aubépine, qui n’ont jamais prêté leur ombre à un couple plus beau. Henry était jeune, de haute taille, d’un port majestueux, redouté sur le champ de bataille, et chéri dans les châteaux ; et elle… quand un amour à