Page:Oeuvres de Walter Scott,Tome I, trad Defauconpret, 1830.djvu/120

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
116
LE LAI DU DERNIER MENESTREL

afin que nul mortel ne pût le lire, et de ne jamais révéler où je l’aurais caché, à moins que ce fût pour servir son Chef, le baron de Branksome. Quand je lui eus creusé un caveau dans ce séjour des morts, j’y déposai ses restes ; la cloche sonnait une heure ; la lune brillait de tout son éclat. Je saisis cet instant afin que la croix de son patron, réfléchissant sa couleur rouge sur sa tombe, en pût écarter les malins esprits.

xvi.

— Ce fut une nuit solennelle et terrible que celle où le tombeau s’ouvrit pour Michel. Des sons étranges se firent entendre dans cette nef, et toutes ces bannières furent agitées sans qu’on sentit un souffle d’air. — Le moine parlait encore quand la cloche sonna une heure. Je vous ai dit que jamais chevalier plus brave que William Deloraine ne lança son coursier contre un ennemi, et cependant une terreur soudaine vint glacer son sang dans ses veines, et ses cheveux se dressèrent sur sa tête.

xvii.

— Guerrier, regarde cette croix rouge, elle t’indique la tombe du grand magicien. Dans ce caveau brûle une lampe miraculeuse, pour en bannir les esprits qui aiment les ténèbres. Elle brûlera sans jamais s’éteindre, jusqu’au dernier jugement. — Le moine s’avança lentement vers la pierre sur laquelle se réfléchissait la croix couleur de sang ; étendant sa main flétrie et décharnée, il montra au chevalier un pieu de fer caché dans un coin, et lui fit signe de s’en servir pour ouvrir le caveau.

xviii.

Deloraine se met à l’ouvrage ; son cœur bat avec force. Il incline ses membres nerveux sur le tombeau, et ses puissans efforts font couler la sueur sur son front comme des gouttes de pluie. Enfin il réussit à soulever l’énorme pierre. Une lumière éclatante jaillit tout à coup du caveau, s’élança jusqu’aux voûtes de la nef, et se répandit de tous côtés. Jamais flamme terrestre ne fut si éblouissante. Elle