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GLENFILAS

fois encore la puissante prière de saint Fillan. Il se tourna ensuite vers l’horizon oriental et secoua sa chevelure noire.

Puis, penché sur sa harpe, il en tira les accords les plus séduisans ; l’écho surpris répète cette harmonie mystérieuse et magique qui se marie au murmure des vents.

L’Esprit irrité change de forme, et sa taille devient gigantesque ; puis, se mêlant soudain à l’orage qui commence à gronder, il disparaît après avoir poussé un cri lamentable.

Les nuages crèvent, la grêle et l’ouragan assiègent la hutte, la brisent, et couvrent la terre de ses débris ; mais le ménestrel n’eut pas un seul de ses cheveux soulevé par le vent ou mouillé par la pluie.

De bruyans éclats de rire se mêlent aux mugissemens de l’orage ; le ménestrel les entend au-dessus de sa tête ; mais déjà ils expirent du côté du nord.

La voix du tonnerre ébranle la forêt au moment où ces cris surnaturels cessent, et une pluie de sang vient éteindre les tisons à demi consumés.

Le ménestrel voit tomber un bras dont la main tenait une épée, et puis une tête séparée du tronc : il en ruisselle un sang encore tiède.

Le cimier de Benmore a souvent orné cette tête dans les combats ; cette main a frappé de terribles coups, lorsque le sang des Saxons teignit de pourpre les ondes du Teith.

Malheur aux sombres ruisseaux de Moneira ! Malheur au funeste vallon de Glenfinlas ! Jamais le fils des montagnes d’Albyn n’y viendra vider son carquois.

Le pèlerin fatigué évitera même cet ombrage à l’heure brûlante du midi : il craindrait d’être la proie des cruelles fées de Glenfinlas.

Pour nous, c’en est fait ! nous ne trouverons plus un asile derrière le bouclier du chef de Glangillian ; il ne