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LE LAI DU DERNIER MENESTREL

viii.

La rosée de la nuit brille sur des fleurs et des arbustes sans nombre ; ces fleurs et ces arbustes sont habilement retracés par la sculpture du cloître. Le moine fixa long-temps ses regards sur la lune ; ses yeux semblèrent ensuite vouloir percer l’obscurité des voûtes. Des rayons de lumière, d’un rouge étincelant, traversaient l’horizon du nord. C’est ainsi qu’il avait vu dans la belle Castille de jeunes cavaliers s’élancer en brillans escadrons, tourner leurs coursiers agiles et lancer le dard inattendu[1]. Il savait que ces rayons de lumière étaient les feux du nord servant de coursiers aux esprits.

ix.

Le moine et le guerrier pénètrent dans la nef par une porte garnie d’airain. Le toit sombre s’élevait sur de hautes colonnes délicates et légères ; la maîtresse pierre qui fermait chaque arcade était sculptée en fleurs de lis ou en trèfle ; tous les frontons représentaient des figures grotesques et bizarres, et les piliers, élégans depuis la base jusqu’au chapiteau, auraient pu être pris pour des faisceaux de lances réunies avec des guirlandes.

x.

Autour de l’autel, des écussons, des bannières déchirées, s’agitaient avec bruit au souffle glacial du vent de la nuit. C’était là que la lueur mourante d’une lampe éclairait l’urne sépulcrale du vaillant Chef qui périt à Otterburne, et celle du chevalier de Liddesdale ! Ô périssables honneurs de la mort ! fière ambition, quelle chute pour ton orgueil !

xi.

Du côté de l’est, la lune versait sa clarté à travers un treillage en pierre, travaillé avec tant de délicatesse, qu’on eût dit que la main d’une fée tressant des brins d’osier entre des peupliers, en avait formé des nœuds fantas-

  1. Le jeu mauresque du Djerid. — Ed.