Page:Oeuvres de Walter Scott,Tome I, trad Defauconpret, 1830.djvu/117

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
113
CHANT SECOND.

iv.

La dame de Branksome vous salue. L’heure fixée par le destin est arrivée ; je dois veiller avec vous cette nuit pour obtenir les trésors de la tombe. — Le moine était sur la haire qui lui servait de couche ; il souleva avec peine ses membres raidis par l’âge. Cent années avaient répandu leur neige sur sa longue barbe et sur les cheveux rares qui lui restaient.

v.

Ses yeux bleus contemplent le chevalier d’un air égaré : — Oses-tu bien, guerrier, chercher à voir ce que le ciel et l’enfer veulent cacher ? Ma poitrine est entourée d’une ceinture de fer, mon corps est couvert d’un cilice armé de pointes aigues. J’ai passé soixante ans dans la pénitence ; mes genoux ont usé les pierres de ma cellule, et c’est encore trop peu pour obtenir le pardon d’avoir connu ce qui ne devait jamais l’être. Veux-tu passer dans la prière et la pénitence le reste de tes années, et n’attendre qu’en tremblant la fin de tes jours ?….. Audacieux guerrier, suis-moi.

vi.

— Je ne veux pas de pénitence, Père. Rarement j’entre dans une église, et je sais à peine une prière, tout au plus un Ave, Maria, que je récite quand je pars pour faire une excursion sur les frontières. Hâtons-nous donc ; que je retourne promptement,

vii.

Le vieillard regarda encore le chevalier, et poussa un profond soupir. Il avait lui-même porté les armes autre-fois, et avait combattu avec courage en Italie et en Espagne. Il pensait à ces jours passés depuis long-temps où ses membres étaient pleins de vigueur, son cœur bouillant de courage….. Aujourd’hui il marche à pas lents vers le jardin du monastère. Les voûtes du cloître étaient sur leurs têtes, et sous leurs pieds les ossemens des morts.