Page:Oeuvres de Walter Scott,Tome I, trad Defauconpret, 1830.djvu/114

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
110
LE LAI DU DERNIER MENESTREL

son coursier essoufflé. Il desserra la sangle, et essaya s’il pourrait tirer facilement son glaive du fourreau. Les rayons de la lune éclairaient les rochers de Minto, où Barnhill avait établi sa couche de pierre ; c’est là qu’il disputait aux faucons un abri pour reposer ses membres proscrits ; de la cime de ces monts son œil d’aigle pouvait au loin apercevoir sa proie ; les échos ajoutaient encore à la terreur qu’inspirait le cor du brigand ; ces mêmes échos retentiront long-temps après les sons du chalumeau dorien, et quelque amant mélancolique apprendra aux bocages que l’ambition n’est pas un remède contre l’amour.

xxviii.

Quittant ces lieux sans avoir rencontré aucun ennemi, Deloraine s’avança dans les beaux domaines de l’ancien Riddel, où l’Aill, ayant rompu les barrières que lui opposaient les montagnes, voit sortir des lacs ses vagues couronnées d’écume et semblables à la crinière hérissée d’un cheval bai. Mais nul torrent, quelque large, quelque profond qu’il soit, ne peut arrêter l’audacieux maraudeur.

xxix.

Il s’élance dans les ondes impétueuses ; elles couvrent la selle, et à peine à travers leur écume aperçoit-on la crinière du coursier qui était, comme son maître, complètement bardé de fer. Jamais homme et cheval plus pesamment armés n’avaient lutté au milieu de la nuit contre la force d’un torrent. Les vagues mouillèrent jusqu’au panache du guerrier, et cependant, gâces à son courage et à la protection de la Vierge, il gagna enfin l’autre rive.

xxx.

Le chevalier arriva ensuite à Bowden-Moor, et secoua la tête en apercevant Halidon-Bill, car il se rappela le carnage de cette malheureuse journée où, pour la première fois, les Scotts et les Cars combattirent dans des rangs opposés ; où le roi Jacques vit le vainqueur rester maître