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CHANT PREMIER.

prends ni sommeil ni nourriture. Mais, que ce soit une lettre ou un livre qui te soit remis, garde-toi bien de l’ouvrir. Si tu l’ouvres, tu es perdu ; il vaudrait mieux pour toi que tu ne fusses pas né.

xxiv.

— Ah ! mon coursier gris-pommelé, qui boit l’onde du Teviot, répondit le guerrier, a le pas agile ; et je serai de retour ici avant le point du jour. Vous ne pouviez, noble dame, confier votre message à un chevalier plus propre à s’en acquitter ; car je ne pourrais lire une ligne, ni déchiffrer une lettre, serait-ce la première ligne ou la première lettre du verset qu’on présente à Hairibie[1].

xxv.

Deloraine fut bientôt en selle. Il descendit la colline escarpée, traversa la barbacane du château, et gagna les rives du Teviot. Il suivit la route de l’est sous une voûte de verdure formée par les rameaux entrelacés des coudriers ; il passa le donjon de Goldiland, traversa le vieux Borthwick, entrevit la montagne de Moat-Hill (14), que les ombres des druides fréquentaient encore ; aperçut dans Hawick des lumières qui disparurent bientôt derrière lui, et, pressant les flancs de son coursier, il arriva sous la tour d’Hazeldean.

xxvi.

Les sentinelles entendirent le bruit des pas du cheval : — Halte-là, courrier des ténèbres ! — Je viens de Branksome, répondit le chevalier ; et, laissant la tour amie derrière lui, il quitta les bords du Teviot. Le murmure de l’eau guidant ses pas, il gravit une hauteur vers le nord, et gagna la prairie d’Horselie-Hill, laissant à sa gauche l’ancienne voie romaine.

xxvii.

Il s’arrêta un instant pour laisser reprendre haleine à

  1. (Lieu où l’on exécutait les maraudeurs à Carlisle. On présentait jadis le sixième psaume Miserere mei aux criminels, pour voir s’ils savaient lire, et s’ils pourraient réclamer le privilège du clergé. Le premier verset du psaume s’appelait le verset du cou (le verset du pendu), necke-verse.