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CHANT PREMIER.

âme la source d’une affliction plus douce. Un indomptable orgueil arrêtait la larme prête à couler. Mais quand, au milieu de son clan livré à la douleur, elle entendit son fils bégayer sur les genoux de sa nourrice, — Si j’atteins l’âge d’homme, la mort de mon père sera vengée, — alors les pleurs de la mère coulèrent, et baignèrent les joues enflammées de l’enfant.

x.

Négligeant le soin de sa parure, et laissant flotter en désordre ses beaux cheveux d’or, Marguerite, penchée sur la tombe de son père, pleurait avec désespoir. Mais la tendresse filiale ne faisait pas seule couler ses larmes amères ; la crainte et les inquiétudes d’un amour sans espérance l’accablaient en même temps. Elle n’osait chercher la compassion dans les yeux courroucés de sa mère, son amant avait pris les armes avec Car contre le clan de lord Walter, lorsque l’onde de Mathouse-Born parvint jusqu’à Melrose teinte de leur sang ; elle savait que sa mère aimerait mieux la voir sur son lit de mort que de lui donner pour époux lord Cranstoun.

xi.

La châtelaine était de noble race, et fille d’un magicien de renom, de la famille de Béthune en Picardie : son père avait appris l’art que personne n’ose nommer, à Padoue, par-delà les mers. On disait qu’il avait changé son corps mortel par la vertu d’un secret magique ; et, quand il traversait en méditant le cloître de Saint-André, son ombre ne se dessinait, point sur la muraille qu’éclairaient les rayons du soleil.

xii.

Les bardes racontent qu’il initia sa fille dans son art ; elle sut comme lui forcer les esprits invisibles de l’air à paraître devant elle.

Assise dans son appartement secret de la tour occidentale du vieux lord David, la dame de Branksome écoute un son lugubre qui murmure autour des tourelles cou-