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LA RECHERCHE

prie, madame, dites-moi, êtes-vous heureuse dans ce joli pays ?

— Heureuse ! répond Peg, que voulez-vous dire ? pensez donc un peu seulement à l’année qui vient de finir ; le grain n’a pas payé le labour.

— Mais cette année-ci ?

— Oh ! tout est si cher que mes enfans ont à peine de quoi faire leur soupe.

— Au diable la chemise ! dit Soliman ; je crois que je m’en retournerai comme je suis venu. Adieu, madame :

— Oh ! je vous prie, pas de cérémonie.

— Vous ne voulez donc pas de ma toile ? dit Peg.

xx.

Maintenant le vaisseau royal du sultan fait voile pour la terre de la verte Erin[1] l’île Émeraude, où habite l’honnête Paddy, cousin de John Bull, comme dit l’histoire.

Pendant long-temps John, prodigue en menaces et en coups de bâton, avait mené rudement Paddy, jusqu’à ce que le pauvre garçon, comme un enfant injustement fouetté, fût devenu un peu têtu et rétif. Son sort était mesquin, et son toit bien modeste. Son propriétaire exigeait de lui de fortes rentes, son vêtement était vieux et troué, son repas consistait en une pomme de terre froide. Cependant, pour les bons mots et la gaieté, il n’y avait pas dans tout le monde l’égal de Paddy.

xxi.

Le sultan le vit un dimanche (c’est un jour de fête pour Paddy) ; la messe terminée, après la confession de toutes ses peccadilles, Paddy se livre à ses joyeux caprices ; bons mots, refrains, cabrioles, et danse légère.

— Par Mahomet, dit le sultan Soliman, ce drôle en guenilles est mon homme ! qu’on le saisisse ! qu’on ne lui fasse point de mal, et, s’il refuse, qu’on lui prenne sa chemise.

  1. L’Irlande