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GLENFILAS

Il ne dit point adieu à son ami : il appelle ses limiers et sort gaiement de la hutte.

Au bout d’une heure ses limiers reviennent : ces compagnons fidèles du chasseur accourent en faisant retentir les airs de leurs tristes gémissemens. Ils s’étendent aux pieds du prophète.

Point de Ronald encore ! il est minuit. Moy est agité par de noirs présages, pendant que, penché sur la flamme mourante, il entretient le feu à demi éteint de la cabane.

Soudain les limiers redressent leurs oreilles ; soudain leurs hurlemens ont cessé : ils se pressent autour de Moy, et expriment leur terreur par le tremblement de leurs membres et leur murmure étouffé.

La porte s’ouvre doucement : les cordes de la harpe vibrent d’elles-mêmes et répondent par un son à chaque pas léger qui presse le sol.

Le ménestrel voit à la lueur du feu une femme brillante de beauté, en costume de chasse, et dont la robe verte trempée de rosée dessine les contours gracieux de son corps.

Son front semble glacé ; elle découvre l’ivoire arrondi de son sein, en se penchant vers la flamme vacillante pour tordre les tresses humides de sa chevelure.

Elle rougit comme une vierge timide, et dit avec douceur : — Aimable ménestrel, n’as-tu pas rencontré dans la clairière de Glenfinlas une jeune chasseresse en robe verte ?

Avec elle est un vaillant Chef de nos montagnes. Ses épaules sont chargées du carquois du chasseur ; une dague écossaise orne sa ceinture ; son tartan flotte au gré de la brise.

— Et qui es-tu ? quels sont ceux que tu cherches ? reprit Moy en la regardant d’un œil effaré. Pourquoi erres-tu ainsi au clair de la lune dans la forêt de Glenfinlas ?

— Le château de notre père projette son ombre sur le lac profond de Katrine qui entoure mainte île de ses