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les synagogues : toutes ces consolations sont le partage des âmes qui attendent le Seigneur dans le silence, les larmes et la pauvreté. Du reste qu’on entende les anges eux-mêmes : ils n’adressent pas à d’autres leurs consolations. C’est à des bergers veillant la nuit sur leur troupeaux qu’est annoncée la joie d’une lumière nouvelle, c’est pour eux que le Seigneur, leur dit-on, est né. C’est pour les pauvres, pour ceux qui souffrent, et non pour vous, riches, qui avez votre consolation et la malédiction divine, qu’un jour sacré a lui au milieu des veilles de la nuit , que les ténèbres ont eu l’éclat du plein midi, l’ange disant : Il vous est né aujourd’hui un Sauveur[1]. Aujourd’hui, et non cette huit. La nuit a donc disparu, et le jour est arrivé, le vrai jour enfanté par le jour, le salut de Dieu, Jésus-Christ notre Seigneur, qui est le Dieu béni dans les siècles. Ainsi soit-il.

POUR Là NATIVITÉ DES SAINTS INNOCENTS SERMON UNIQUE

T>es quatre solennités continues, de la Nativité, de saint Etienne, de saint Jean, et des saints Innocents.

1. Béni celui qui vient au nom du Seigneur, le Dieu, le Seigneur qui nous a éclairés l ! Béni soit aussi son nom glorieux qui est saint 2 ! Il n’est pas venu inutilement, le Saint né de Marie, mais il a répandu avec abondance et le nom et la grâce de la sainteté, et c’est par là qu’Etienne, que Jean, que les Innocents sont devenus saints. C’est donc par une sage disposition que cette triple solennité accompagne la Nativité du Seigneur ; c’est non-seulement aiin que la dévotion dure et persévère à travers ces fêtes qui se tiennent, mais afin aussi que le fruit de la Nativité nous soit ainsi rendu plus sensible. Car, dans ces trois solennités, il convient de remarquer trois sortes de sainteté, et je ne crois pas qu’à l’exception de ces trois on puisse en rencontrer une quatrième dans les hommes. En saint Etienne, nous avons le martyr réel et voulu, nous n’en trouvons que la volonté en saint Jean, et que l’acte dans les Innocents. Tous ont bu au calice du salut corporellement et spirituellement à la fois, ou spirituellement ou corporellement seulement. Vous boi-J Ps. cxvn.26,27.— 5U ;m., m, 52. rex mon calice , disait le Seigneur à Jacques et à Jean 1 , et il parlait certainement du calice de sa passion. Et lorsqu’il disait à Pierre : Suismoi, il est évident qu’il l’excitait à imiter sa passion. Pierre se tournant vit le disciple que Jésus aimait, qui le suivait plus par l’affection du cœur que par la précipitation de la marche. Jean but donc aussi au calice salutaire, et suivit Jésus-Christ ainsi que Pierre, bien que d’une autre façon. S’il est resté plus longtemps sur la terre, et s’il n’a pas suivi le Seigneur par une passion corporelle, ce fut un dessein d’en haut, comme Jésus-Christ le dit lui-même : Je veux qu’il demeure ainsi jusqu’à ce que je vienne 3 : comme s’il disait : Il voudrait aussi me suivre, mais je veux qu’il reste. 2. Si quelqu’un doute de la gloire des saints Innocents, c’est qu’il ne croit pas que ceux qui sont régénérés en Jésus-Christ sont au nombre des enfants d’adoption ; et celui-là seul peut refuser la couronne du martyre aux enfants qui ont été massacrés pour Jésus-Christ. Comment, en effet , si son dessein ’ Luc.it 11. — 2. Malb, xx, 2 :;.— 3 Jean, xx., 19,22.

  1. Luc, ii, 11.