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PRÉFACE

DES SERMONS SUR LE CANTIQUE DES CANTIQUES[1]


I. Tous les ouvrages de saint Bernard sont abondamment remplis de la doctrine et de la piété les plus solides : mais deux surtout ont plus de prix que les autres : ce sont les livres de la Considération, et les Sermons sur le Cantique des cantiques. Ce qu’il y a de plus saint dans les Écritures et les Conciles, de plus utile dans les anciens Pères, les décrets des Pontifes et les règles tracées par eux pour le gouvernement de l’Église, saint Bernard l’a également résumé dans ces deux ouvrages. Ce que les autres écrits du saint Docteur contiennent de plus propre à former les mœurs, à exciter la piété, ce qui regarde les vices, les vertus et la vie spirituelle, se retrouve dans ces sermons traité avec plus de solidité et d’élévation ; sous le voile des allégories et des figures, on rencontre ici les secrets de la perfection, exposés avec autant d’agrément et d’utilité que de profondeur. Aussi ces sermons sont-ils les délices de la piété. Rien n’est plus agréable que ce genre d’écrits. « L’âme humaine », dit saint Bernard lui-même, « est d’une si étonnante et si merveilleuse misère, que tout en devant à son génie naturel d’innombrables découvertes dans le monde extérieur, elle a besoin de figures et d’emblêmes matériels pour s’élever des choses extérieures et sensibles aux réalités invisibles a et intérieures[2] ».

II. Saint Bernard entreprit ce remarquable ouvrage, en 1135, à son retour d’Aquitaine, comme il résulte du second livre de sa Vie, chapitre 6. « Ayant trouvé un peu de repos, l’homme de Dieu se livra à d’autres travaux : il se retira dans une cellule enduite de terre et se mil à méditer dans la solitude. Dans cette retraite, image de l’étable de Bethléem, se présentent à sa pensée les cantiques de l’amour, riche nourriture spirituelle. Longtemps il répandit son âme dans cette méditation qu’il exposa ensuite avec une grande abondance de développements. Avec quel profit pour lui, qui chaque our se nourrissait de ce mots délicieux, avec quel profit pour nous à qui il a laissé, par écrit, ces restes bénis, le lecteur en jugera ». Ainsi parle Geoffroi, qui ajoute au 8e chapitre du troisième livre : « Dans les sermons sur les Cantiques, saint Bernard s’est « révélé profond investigateur des mystères « et magnifique moraliste ».

Ce travail fut commencé dans l’Avent de ladite année 1135, comme nous le donne à entendre l’exorde du 2e sermon : « Combien « vont se réjouir à la Nativité prochaine « etc. »

III. Le chartreux Bernard des Portes a dû porter ou du moins encourager saint Bernard à entreprendre cet ouvrage. Ceci résulte d’une lettre de saint Bernard à ce religieux (lettre

  1. Tirée des Bénédictins.
  2. Serm. sur divers sujets, vi, 1.