Page:Oeuvres de Louis Racine, T1, 1808.djvu/82

Cette page n’a pas encore été corrigée

A toute heure aux méchans il prodigue ses dons ;
Son soleil luit sur eux ainsi que sur les bons ;
Il punit à regret, et ce n'est qu'en partie
Qu'il frappe sur l'ingrat que son couroux châtie.
C'est à vous, c'est à moi que le ciel est promis :
C'est pour nous qu'à la mort il a livré son fils.
Oui, Dieu veut le salut de tous tant que nous sommes ;
Jesus-Christ a versé son sang pour tous les hommes.
Que celui qui périt ne s'en prenne qu'à soi.
Malheureux Israël, ta perte vient de toi.
Vous craignez du seigneur les arrêts formidables,
Cependant vous perdez ses momens favorables,
Et lorsqu'il vient à vous, vous lui fermez vos cœurs.
Hélas ! Combien de fois vous offrant ses faveurs
Vous a-t'il ranimés par des Graces nouvelles ?
Et que n'a-t'il point fait ? Un oiseau sous ses aîles
Rassemble ses petits trop foibles pour voler :
C'est ainsi qu'en son sein il veut vous rassembler.
Les maux que vous souffrez, c'est lui qui les envoie :
Par tendresse pour vous il trouble votre joie ;
De vos plaisirs honteux il veut vous détacher ;
Au monde malgré vous il veut vous arracher.
Cependant de ce monde esclaves volontaires,
Vous rejettez toujours ses rigueurs salutaires.
Mais pourquoi, direz-vous, ce Dieu de charité
Montre-t'il dans son choix tant de séverité ?
Si lui seul à ses dons nous peut rendre fidelles,
S'il veut notre salut, pourquoi tant de rebelles ?
Entre tant d'appellés, pourquoi si peu d'élus ?
Leur foible nombre échappe à nos regards confus :