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A ses moindres faveurs quel droit prétendez-vous
Du livre des vivans il peut vous rayer tous.
Fils ingrats, fils pécheurs, victimes du supplice,
Nous naissons tous marqués au sceau de sa justice.
Depuis le jour qu'Adam mérita son couroux,
Les feux toujours brûlans sont allumés pour nous.
Sous lui, sous ses enfans héritiers de son crime,
La même chûte, hélas ! Ouvrit le même abîme.
Pour un crime pareil si l'ange est condamné,
Pourquoi l'homme après lui sera-t'il épargné ?
Tous deux de la révolte également coupables
Devoient tous deux s'attendre à des peines semblables.
Sans espoir de retour les anges rejettés
Dans les feux éternels sont tous précipités.
Des humains en deux parts Dieu sépare la masse :
Il choisit, il rejette, il fait justice et Grace.
Qui se plaindra, quand tous méritent l'abandon ?
Tous coupables, qui peut esperer le pardon ?
Qui lui plût fut choisi : de la masse proscrite
Sa bonté sépara la race favorite.
Et pour ce petit nombre agréable à ses yeux
Il ouvrit de ses dons les trésors précieux.
C'est ce nombre si cher, ce céleste héritage
Qu'il réserve à son fils pour auguste appanage.
Chef de tous les élus, Jesus-Christ par son sang,
Lui-même élu par Grace a mérité ce rang.
Cher et petit troupeau que m'a donné mon pere,
Bannis toute frayeur, dit ce Dieu tutelaire :
Je connois mes brebis ; je suis toujours leurs pas ;
Et l'ennemi cruel ne les ravira pas :