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Mais que sert qu’en public la vertu nous honore,
Si le ver de l’orgueil en secret nous dévore ?
Pelage se démasque à l’univers surpris,
Et vient à Rome même infecter les esprits.
Le docteur pénitent, l’austere Anachorette,
Qui croit toujours du ciel entendre la trompette,
Ce savant, si fameux par tant d’écrits divers,
Qui du fond de sa grote éclaire l’univers,
Jerôme vieux alors, ranime son courage ;
Mais le seul Augustin devoit vaincre Pelage.
De ce grand défenseur le ciel ayant fait choix,
Lui mit la plume en main, le chargea de ses droits.
Augustin tonne, frappe et confond les rebelles.
Sa doctrine aujourd’hui guide encor les fidelles :
Rome, tout l’univers admire ses écrits,
Et M… lui seul en ignore le prix.
Disciple d’Augustin, et marchant sur sa trace,
Prosper s’unit à lui pour défendre la Grace.
Il poursuivit l’erreur dans ses derniers détours,
Et contr’elle des vers emprunta le secours.
Les vers servent aux saints : la vive poësie
Fait triompher la foi, fait trembler l’hérésie.
Admirateur zélé de ces maîtres fameux,
Je mets toute ma gloire à marcher après eux.
Formé dans leurs écrits, et plein de leurs maximes
Je les vais annoncer, n’y prêtant que mes rimes :
Augustin dans mes vers donne encor ses leçons.
Seigneur, c’est à tes saints à parler de tes dons !
Aux forces que la Grace inspire à la nature
Des foiblesses de l’homme opposons la peinture.