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CHANT SECOND.

 
Vous que la vérité remplit d’un chaste amour,
N’esperez point encor dans ce triste séjour,
Paisibles possesseurs la goûter sans allarmes :
Chrétiens, souffrez pour elle, et prêtez-lui vos armes.
L’église à la douleur destinée ici-bas,
Prit naissance à la croix, et vit dans les combats.
Il faut que tout entier sur elle s’accomplisse
De son époux mourant le sanglant sacrifice.
Contr’elle le démon arma les empereurs ;
Le fer brilla d’abord : inutiles fureurs !
En vain on la déchire, en vain le sang l’inonde :
De ce sang humectée elle en devient féconde.
L’empereur à la croix soûmit son front payen,
Montra qu’on pouvoit être et César et chrétien.
Le prêtre d’Apollon renversa son idole,
Et Jupiter vaincu tomba du capitole.
L’église dans son sein voyoit naître la paix,
Quand la fiere hérésie envenimant ses traits,
Aux enfans de la foi vint déclarer la guerre.
Plus d’une fois vaincue, enfin dans l’Angleterre
Elle appelle un vengeur ; et fidelle à sa voix
Pelage de la Grace ose attaquer les loix.
De notre liberté défenseur téméraire,
Au céleste pouvoir il prétend nous soustraire.
Hélas ! Que des humains les dehors sont trompeurs !
De pelage long-tems on admira les mœurs :