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ODE XXI.

Les Larmes da la Pénitence.

 
Grâce, grâce, suspends l’arrêt de tes vengeances
Et détourne un moment tes regards irrités.
J’ai péché, mais je pleure ; oppose à mes offenses,
Oppose à leur grandeur celle de tes bontés.

Je sais tous mes forfaits, j’en connais l’étendue
En tous lieux, à toute heure, ils parlent contre moi ;
Par tant d’accusateurs mon âme confondue
Ne prétend pas contre eux disputer devant toi.

Tu m’avais par la main conduit dès ma naissance ;
Sur ma faiblesse en vain je voudrais m’excuser :
Tu m’avais fait, Seigneur, goûter ta connaissance,
Mais, hélas ! de tes dons je n’ai fait qu’abuser.

De tant d’iniquités la foule m’environne,
Fils ingrat, cœur perfide en proie à mes remords,
La terreur me saisit ; je frémis, je frissonne ;
Pâle et les yeux éteints, je descends chez les morts.

Ma voix sort du tombeau ; c’est du fond de l’abîme
Que j’élève vers toi mes douloureux accents :
Fais monter jusqu’aux pieds de ton trône sublime
Cette mourante voix et ces cris languissants.