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doctrine de saint Augustin et de saint Thomas, et que je souhaite qu'on tire de ce poëme.

Quelque attaché que je sois à ces deux grands docteurs, comme l'Eglise n'a point condamné tous ceux qui suivent d'autres maîtres,.il ne nous est pas permis non plus de les condamner : aussi n'ai-je attaqué qu'un seul des écrivains modernes, mais sans employer ces termes qui ne conviennent qu'aux erreurs condamnées. Je me contenta de faire voir que son système, trop conforme à notre amour-propre, est dangereux et contraire à la doctrine de l'antiquité ; mais en cela j'espère ne choquer personne, puisque personne aujourd'hui ne soutient sa doctrine telle qu'il la publia d'abord.

Eloigné de toute passion pour la dispute, à plus forte raison l'ai-je été de toute humeur satirique. Quoique par la malignité des hommes, les traits de satire contribuent infiniment au succès des écrits, et que les poètes soient plus enclins que les autres à railler, je n'ai point eu la tentation de gagner quelques avantages par une voie si souvent criminelle et toujours très-dangereuse. Il est permis aux gens de lettres de s'attaquer les uns les autres ; les guerres alors sont innocentes et utiles, pourvu qu'elles ne se fassent point avec animosité 5 mais il n'est point permis dans les écrits de religion de choquer ouvertement ceux qui ne pensent pas comme nous, lorsque ce qu'ils pensent n'a point été déclaré contraire à la foi. La vérité doit toujours être défendue avec les armes de la charité ; et l'on s'oppose soi-même au progrès qu'elle peut faire, quand on l'annonce avec un ton d'aigreur. J'avoue qu'il m'étoit échappé d'abord quelques traits un peu mordans, mais la réflexion me les a fait retrancher ; et