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le système de la prémotion physique, qu’il parolt adopter, voici comme il explique aussi la différence des deux états, et l’attrait de la Grâce : « L’état d’innocence ne fait pas que la volonté de l’homme soit moins dépendante ; mais il faut considérer précisément les dispositions qui sont changées par la maladie, et juger par-là de la nature du remède que Dieu y apporte. Le changement le plus essentiel que le péché ait fait à notre âme, c’est qu’un attrait indélibéré du plaisir sensible prévient tous les actes de notre volonté : c’est en cela que consiste notre langueur et notre foiblesse, dont nous ne serons jamais guéris, que Dieu ne nous ôte cet attrait sensible, ou du moins ne le modère par un autre acte indélibéré du plaisir intellectuel. Alors, si par la douceur du premier attrait notre âme est portée au bien sensible, par le moyen du second, elle sera rappelée à son véritable bien, et disposée à se rendre à celui de ces deux attraits qui sera supérieur. Elle n’avoit pas besoin, quand elle étoit saine, de cet attrait prévenant, qui avant toute délibération de la volonté, l’incline au bien véritable, parce qu’elle ne sentoit pas cet autre attrait, qui avant toute délibération l’incline toujours au bien apparent. Elle étoit née maîtresse absolue, connoissant parfaitement son bien, qui est Dieu, l’aimant librement, et se plaisant d’autant plus dans cet amour, qu’il lui venoit de son propre choix ; mais ce choix, pour lui être propre, n’en étoit pas moins de Dieu, de qui vient tout ce qui est propre à la créature. »

C’est ainsi que s’explique M. Bossuet dans cet excellent Traité, que je citerai quelquefois dans mes notes,de