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pensées des prophètes, rendues fidellement. Aussi faut-il avouer que l'Ecriture Sainte nous fournit les idées les plus nobles et les plus magnifiques, et qu'on ne trouve point ailleurs ce véritable sublime, qui charme tous les hommes, cet enthousiasme divin qui saisit l'âme, qui l'étonne et qui l'enlève.

Après avoir parlé de ce qui regarde le poète, venons au théologien, si ce titre peut me convenir, et rendons compte de la doctrine de ce poëme.

Un Etre tout-puissant, qui a tout fait, qui conserve tout, qui règne sur les esprits, comme sur les corps, de qui viennent toutes les lumières et toutes les vertus , et dont les décrets sont la règle de l'avenir, est une vérité dont nous sommes intérieurement convaincus, et qui est renfermée nécessairement dans l'idée que nous avons d'un Etre infini. La liberté de notre âme est encore une vérité qu'il n'est pas nécessaire de prouver. Nous en trouvons la preuve en nous-mêmes, et nous sentons que nous sommes plus libres de vouloir telle ou telle chose, que de remuer la main de tel ou tel côté. Ces deux vérités incontestables semblent cependant se contredire : ce qui ne nous doit pas surprendre, puisque même nous trouvons dans la géométrie des propositions, lesquelles, quoique certaines, nous paroissent cependant s'opposer les unes aux autres. Comment ne trouverons-nous pas ces difficultés lorsque nous parlons de Dieu et de l'âme ? Si nous ignorons ce que c'est que Dieu, ce que c'est que notre âme, et comment elle agit sur notre corps, pouvons-nous savoir comment Dieu agit sur elle ? L'opération d'un Dieu nous est inconnue, celle de notre âme nous l'est aussi : comment donc pourrons-nous comprendre