auprès desquelles ma muse a trouvé un accès aussi utile qu'honorable. Mon amour-propre n'a rien souffert en se soumettant à de pareils juges : j'ai corrigé avec docilité les fautes qu'ils ont reprises ; et il en reste encore beaucoup, elles n'ont point échappé à leur vue, mais je n'ai pas toujours été capable de suivre leurs avis.
Ces fautes, que je reconnois sans peine, n'intéressent que la poésie : je ne me suis permis aucune négligence pour celles qui pourraient intéresser la doctrine. J'ai eu la précaution la plus scrupuleuse pour ne rien laisser qui méritât une censure raisonnable ; et je me déclare toujours prêt à corriger ce qui pourra la mériter. Je parle d'une censure raisonnable ; car j'ose dire aussi qu'il seroit injuste de faire le procès à un poète comme à un théologien, et de vouloir rappeler tous ses mots à la précision de l'école. Ce n'est point ici un traité théologique, c'est un poëme ; ce n'est point aux docteurs que je parle, c'est au commun du monde. Il me suffit d'expliquer ce que tout le monde doit entendre et doit savoir. La poésie a cet avantage, qu'elle rend sensibles au peuple les vérités les plus abstraites, par les images sous lesquelles elle les présente, et que par sa mesure et son harmonie elle les imprime dans la mémoire. On lui raviroit un si beau privilège, si on la soumettoit à des lois rigoureuses qui la rendissent sèche et stérile.
J'ai souvent employé les termes de l'Ecriture Sainte et des Pères, et c'est en cela que consiste le mérite de mon travail : je ne prétends pas non plus en tirer comme poète une grande gloire. Je n'ai presque fait que traduire , et l'ai remarqué que les endroits qui ont été le mieux reçus, lorsque je les ai récités, Soient l'assemblage de plusieurs