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Au Dieu qui ne prescrit qu’amour et que pardon.
Dieu de paix que de sang a coulé sous ton nom !
N’ont-ils jamais marché que sous ton oriflamme ?
Imprimaient-ils aussi ton image en leur âme
Tous ces héros croisés, qui d’infidèles mains
Ne voulaient, disaient-ils, qu’arracher les lieux saints ?
Leurs crimes ont souvent fait gémir l’infidèle.
En condamnant leurs mœurs, vantons du moins leur zèle ;
Mais détestons toujours celui qui parmi nous
De tant d’affreux combats alluma le courroux.
Quels barbares docteurs avaient pu nous apprendre,
Qu’en soutenant un dogme, il faut pour le défendre,
Armés du fer, saisi d’un saint emportement,
Dans un cœur obstiné plonger son argument ?
A la fin de mes chants je me hâte d’atteindre,
Et si je ne sentais ma voix prête à s’éteindre,
Vous me verriez peut-être attaquer vos erreurs,
Vous qui de l’hérésie épousant les fureurs,
Enfants du même Dieu, nés de la même mère,
Suivez un étendard au notre si contraire.
Unis tous autrefois, maintenant écartés,
Qui l’a voulu ? C’est vous qui nous avez quittés.
Vos pères ont été les frères de nos pères,
Vous le savez : pourquoi n’êtes-vous plus nos frères ?
Avez-vous pour toujours rompu des nœuds si chers ?
Accourez, accourez ; nos bras vous sont ouverts.
De coupables aïeux déplorables victimes,
Ils vous ont égarés ; vos erreurs sont leurs crimes.
Revenez au drapeau qu’ils ont abandonné.
Par le Dieu qu’on y suit tout sera pardonné.
Que craignez-vous ? Quand