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Je donne à ses défauts des noms officieux ;
Mon cœur pour l’excuser me rend ingénieux.
Il m’excuse à son tour, et de mon indulgence
Celle qu’il a pour moi devient la récompense.
Ma charité s’étend sur tous ceux que je vois.
Je suis homme, tout homme est un ami pour moi.
Le pauvre, et l’étranger, le ciel me les envoie,
Et mes mains avec eux partagent avec joie
Des biens qui pour moi seul n’étaient pas destinés.
Les solides trésors sont ceux qu’on a donnés.
D’une âme généreuse ô volupté suprême !
Un mortel bienfaisant approche de Dieu même.
Cet amour des humains sera toujours en lui
De toutes nos vertus l’inébranlable appui.
Voudrait-il, alarmant ma tendresse jalouse,
Me faire soupçonner la foi de mon épouse ?
Ô crime, qui des lois craint partout la rigueur,
A tes premiers attraits il a fermé son cœur.
Qui nourrit en secret un désir téméraire,
Même dans un corps pur porte une âme adultère.
La pudeur est le don le plus rare des cieux,
Fleur brillante, l’amour des hommes et des dieux,
Le plus riche ornement de la plus riche plaine,
Tendre fleur que flétrit une indiscrète haleine.
L’amour, le tendre amour, flatte en vain mes désirs :
L’hymen, le seul hymen en permet les plaisirs.
Des passions sur moi je réprime l’empire.
Le monde à mes regards n’offre rien que j’admire.
Libre d’ambition, de soins débarrassé,
Je me plais dans le rang où le ciel m’a placé,