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Le verbe s’est fait chair ; je l’adore, et m’écrie :
Trois fois saint est celui qui m’a rendu la vie.
De l’horreur du néant à ton ordre tout sort :
En toi seul est la vie, et sans toi tout est mort,
Ô sagesse, ô pouvoir dont le monde est l’ouvrage,
Du Très-Haut, ton égal, la parole et l’image.
Quand sous nos traits caché, tu parus ici bas,
Les ténèbres, grand Dieu ne te comprirent pas.
Aujourd’hui que ta gloire éclate à notre vue ;
Que ta religion est partout répandue ;
De superbes esprits, ivres d’un faux savoir,
Quand tu brilles sur eux, refusent de te voir.
Leur déplorable sort ne doit point nous surprendre,
Les ténèbres jamais ne pourront te comprendre.
L’aveugle environné de l’astre qui nous luit,
Couvert de ses rayons est toujours dans la nuit.
En vain ces insensés parlent d’un premier être :
Sans toi, verbe éternel, peuvent-ils le connaître ?
Ouvre leur cœur, mes vers ne le pourront ouvrir,
Change les. Mais pour eux quand je veux t’attendrir,
Moi-même ai-je oublié que ton arrêt condamne
Le pécheur insolent, dont la bouche profane
Aux hommes sans ton ordre ose annoncer ta loi ?
Et dois-je t’implorer pour d’autres que pour moi ?
L’impiété s’armait d’une fureur nouvelle :
L’arche sainte en péril m’a fait trembler pour elle,
Et j’ai cru que ma main la pourrait soutenir :
Oui j’ai couru. Tu vas peut-être m’en punir ;
Et mon zèle peut-être irrite ta colère,
Quand je crains pour ta gloire et celle de ton Père.
Ô