Cette unique clarté si longtemps attendue.
Pour eux-mêmes sévère, ici bas à leur vue
Il se montre, il se cache ; et par l’obscurité
Conduit ceux qu’autrefois perdit la vanité.
De quoi se plaindre ? Il peut nous ravir sa lumière :
Par grâce il ne veut pas la couvrir toute entière.
Qui la cherche, est bientôt pénétré de ses traits ;
Qui ne la cherche pas, ne la trouve jamais.
Ainsi de nos malheurs j’explique le mystère.
Dans un Maître irrité j’admire un tendre Père :
Et je ne vois partout que rigueurs et bontés,
Châtiments et bienfaits, ténèbres et clartés.
Si ma religion n’est qu’erreur et que fable,
Elle me tend, hélas ! Un piège inévitable.
Quel ordre ! Quel éclat ! Et quel enchaînement !
L’unité du dessein fait mon étonnement.
Combien d’obscurités tout à coup éclaircies !
Historiens, martyrs, figures, prophéties,
Dogmes, raisonnement, écrits, tradition,
Tout s’accorde, se suit ; et la séduction
A la vérité même en tout point est semblable.
Déistes, dites-nous quel génie admirable
Nous sait de toutes parts si bien envelopper,
Que vous devez rougir vous-mêmes d’échapper.
Quand votre Dieu pour vous n’aurait qu’indifférence,
Pourrait-il, oubliant sa gloire qu’on offense,
Permettre à cette erreur, qu’il semble autoriser,
D’abuser de son nom pour nous tyranniser ?
Par quel crédit encor, si loin de sa naissance
Ce mensonge en tous lieux a-t-il tant de puissance ?
Page:Oeuvres de Louis Racine, T1, 1808.djvu/209
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