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De l’homme, et de ses fils le déplorable sort
Fut la pente au péché, l’ignorance et la mort.
Mais ces fils n’étaient pas ; une race future…
Lorsque le créateur frappe sa créature,
Est-ce à notre justice à mesurer les coups ?
Et ce qu’un Dieu se doit, mortels, le savez-vous ?
La terre ne fut plus un jardin de délices.
Ministre cependant de nos derniers supplices,
Et maintenant si prompte à les exécuter,
La mort, sous un ciel pur, semblait nous respecter.
Hélas ! Cette lenteur à prendre ses victimes
Ne fit que redoubler notre ardeur pour les crimes.
Une seconde fois frappant notre séjour
Le ciel défigura l’objet de notre amour.
La terre par ce coup jusqu’au centre ébranlée,
Hideuse quelquefois, et toujours désolée,
Vit sur son sein flétri les cavernes s’ouvrir,
Des montagnes de sable en cent lieux la couvrir,
Et s’élever sur elle en ténébreux nuages,
De funestes vapeurs, mères de tant d’orages.
Les saisons en désordres et les vents en courroux
fournissent à la mort des armes contre nous ;
Et toute la nature, en ce temps de souffrance,
Captive, gémissante, attend sa délivrance ;
Au criminel soumise, obéit à regret,
Se cache à nos regards, et soupire en secret.
Oui tout nous est voilé, jusqu’au moment terrible,
Moment inévitable, où Dieu rendu visible,
Précipitant du ciel tous les astres éteints,
Remplacera le jour, et sera pour ses saints