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Dans un autre combat, non moins cher à nos vœux,
Comment peut une écorce, espoir d’un malheureux,
Attaquer, conquérir, enchaîner l’ennemie,
Qui tantôt en fureur, et tantôt endormie,
A fait trêve avec nous le jour de son sommeil ?
Mais au jour de colère exacte à son réveil
Elle rallume un feu qui dans nos yeux pétille.
Tous nos esprits subtils, vagabonde famille,
S’égarent dans leur course : en désordre comme eux
L’âme même s’oublie, et dans ce trouble affreux,
La mort prête à frapper, déjà lève sa foudre.
Que d’alarmes, quels maux appaise un peu de poudre !
De systèmes savants épargnez-vous les frais,
Et ces brillants discours qui n’éclairent jamais.
Avouez-nous plutôt votre ignorance extrême.
Hélas ! Tout est mystère en vous-même, à vous-même.
Et nous voulons encor qu’à d’indignes sujets
Le souverain du monde explique ses projets,
Quand ce corps, de notre âme esclave méprisable,
Lui cache ses secrets d’un voile impénétrable !
De la religion si j’éteins le flambeau,
Je me creuse à moi-même un abîme nouveau.
Déiste, que pour toi la nuit devient obscure,
Et de quel voile encor tu couvres la nature !
A tes yeux comme aux miens peut-elle rappeler
Celui qui pour un temps ne veut que m’exiler ?
Si la terre n’est point un séjour de vengeance,
Peux-tu dans cet ouvrage admirer sa puissance ?
La peste la ravage, et d’affreux tremblements
Précédent la fureur de ses embrasements ;