Nos flottantes forêts couvrent le sein de l’onde.
La boussole nous rend les citoyens du monde.
Des deux Indes pour nous elle ouvre tous les ports ;
et nous en rapportons par elle les trésors.
Tant d’objets différens, tant de fruits, tant de plantes,
Que de l’esprit humain les conquêtes sont lentes !
Donnent enfin naissance aux désirs curieux,
Et la terre ramène à l’étude des cieux.
Faibles amas du sable, ouvrage de la cendre,
Deux verres, le hasard vient encor nousl’apprendre,
L’un de l’autre distants, l’un à l’autre opposés,
Qu’aux deux bouts d’un tuyau des enfants ont placés,
Font crier en Zélande ! ô surprise ! ô merveille !
Et le Toscan fameux à ce bruit se réveille.
De Ptolémée alors, armé de meilleurs yeux
Il brise les cristaux, les cercles, et les cieux.
Tout change : par l’arrêt du hardi Galilée
La terre loin du centre est enfin exilée.
Dans un brillant repos, le soleil à son tour,
Centre de l’univers, roi tranquille du jour,
Va voir tourner le ciel, et la terre elle-même.
Le peuple épouvanté croit entendre un blasphème :
Et six ans de prison forcent au repentir,
D’un système effrayant l’infortuné martyr.
La terre cependant à sa marche fidèle,
Emporte Galilée, et son juge avec elle.
D’un monde encor nouveau que d’habitants obscurs,
Vous tirez du néant, illustres Réaumurs !
Pourquoi sans spectateur tout un peuple en silence
Veut-il nous dérober tant de magnificence ?
Page:Oeuvres de Louis Racine, T1, 1808.djvu/203
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