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Que nos plus beaux palais de cendres soient couverts ;
Mais pourquoi tant d’écrits à nos regrets si chers,
Sont-ils brûlés comme eux, vainqueur impitoyable ?
L’ignorance à tes vœux sans doute est favorable.
Que crains-tu ? Son empire est partout affermi,
Depuis que du bon sens un savoir ennemi,
Trouvant l’art d’obscurcir le maître des ténèbres,
Forme dans ses écrits tous ces docteurs célèbres,
Qui le dilemme en main prétendent de l’abstrait
Catégoriquement diviser le concret.
Quand viendra ton vengeur, ô raison, qu’on outrage !
De tant de mots pompeux le superbe étalage
Trouvait de tous côtés d’ardents admirateurs,
Et la nature entière était sans spectateurs.
L’intérêt cependant va nous rapprocher d’elle.
Un genois nous apprend, quelle étrange nouvelle !
Qu’au delà de ce monde il est un monde encor,
Monde dont l’habitant abandonne tout l’or.
Nous volons. Quel que soit l’objet qui nous anime,
Comment de tant de mers franchissons-nous l’abîme ?
Si longtemps sur sa feuille attaché dans un coin,
Par quel effort l’insecte a-t’il rampé si loin ?
Un aimant (le hasard dans l’air le fit suspendre)
En regardant le pôle, aux yeux qu’il dut surprendre
Révéla cet amour qu’on ne soupçonnait pas :
Amour heureux pour nous, et fatal aux incas.