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Consacrant aux beaux arts ses yeux et ses oreilles,
Du ciel et de la terre oublia les merveilles.
Leurs sages rarement en parurent frappés :
Et jamais les romains n’en furent occupés.
Tout plein de son héros, au lieu de la nature
Lucrèce leur chanta les rêves d’Epicure.
Ambitieux de vaincre, et non de discourir,
L’art des enfants de Mars, fut l’art de conquérir.
L’étude a peu d’attraits pour les maîtres du monde.
Le soleil, disaient-ils, va se coucher dans l’onde,
La voûte dont le cercle a pour base la mer,
Sous son dôme brillant couvre la terre et l’air,
Et le vieux océan, père de la nature,
Etend autour de nous son humide ceinture.
Tels étaient leurs progrès, lorsque du vrai savoir
La fureur des combats éteignit tout espoir.
Faible par sa grandeur, ce n’était qu’avec peine
Que sur la terre encor Rome étendait sa chaîne.
D’esclaves trop nombreux son empire accablé,
Malgré son double appui, se sentit ébranlé ;
Et lorsque par les mains du conquérant Hérule
Le trône des Césars tomba sous Augustule,
Sa chute fit trembler celui des Constantins.
Le fameux imposteur suivi des Sarrasins,
Jeta les fondements d’un pouvoir formidable,
Que sous un autre nom rendit plus redoutable
Le peuple que l’Euxin vomit de ses marais,
Du jour que le second de ses fiers Mahomets,
La gloire du croissant, et la terreur du monde,
Eut enfin foudroyé Byzance et Trébisonde.