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Partout elle nous crie, adorez votre maître :
Contemplez, admirez, jouissez sans connaître.
D’une attentive étude embrassant le parti,
Du sein de l’ignorance un mortel est parti.
A-t-il tout parcouru ? Pour fruit de tant de peine,
A l’ignorance encor son savoir le ramène.
Tu rougis, fier mortel : prête à me démentir,
Ta vanité murmure : il faut l’anéantir.
De tes fameux progrès cherchons quelle est la gloire :
Faisons de ton esprit l’humiliante histoire.
L’intérêt nous donna nos premières leçons :
L’amour de nos troupeaux, le soin de nos moissons
Nous firent d’un temps cher devenir économes,
Et la nécessité nous rendit astronomes.
Pouvions-nous mieux régler nos travaux et nos jours,
Que sur ces corps brillants, si réglés dans leur cours ?
Le peuple qui du Nil cultivait le rivage,
Les observa longtemps sous un ciel sans nuage.
Pour mieux les contempler, sous différents cantons
Il les partage entre eux, et leur cherche des noms.
Cassini, Galilée, excusez vos ancêtres :
Leurs yeux accoutumés à des objets champêtres,
Ne virent dans le ciel que chiens, béliers, taureaux ;
Vous y saurez un jour porter des noms plus beaux.
Saturne et Jupiter vanteront leur cortège.
Mais de l’antiquité quel est le privilège ?
Ces premiers noms donnés par de vils laboureurs
Imprimeront en nous d’éternelles erreurs.
Ô ! trop heureux l’enfant qui naît sous la balance !
De son cruel voisin détestons la puissance.