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Cet infernal tyran, dont nos maux font la joie :
A la voix des chrétiens abandonnant sa proie,
Des corps qu’il tourmentait il s’enfuit consterné.
Le prince du mensonge est enfin détrôné.
Il usurpa l’empire, et sans peine et sans gloire,
Lorsque l’homme emporté par la fureur de croire,
Sans que l’art eût besoin d’éblouir sa raison,
Au plus vil imposteur se livrait sans soupçon.
Mais ces temps n’étoilent plus : la Grèce la première
Avait du moins ouvert la route à la lumière.
On la cherchait, Platon par ses fameux écrits
Des honteuses erreurs inspirait le mépris.
Pleines de ses leçons, des écoles célèbres,
De l’enfance du monde écartant les ténèbres,
Le grave philosophe est partout révéré ;
Souvent même à la cour il se voit honoré.
Son crédit peut nous perdre, et sa haine y conspire.
Mais en vain cette haine arme Celse et Porphire.
Que peuvent contre nous leurs traits injurieux ?
Il fallait nous porter des coups plus sérieux,
Approfondir des faits récents à la mémoire,
Et sur ses fondements renverser notre histoire.
Qui ne sait que railler, évite un vrai combat.
On traite les chrétiens d’ennemis de l’état.
On impute le crime à ceux dont la doctrine
N’a pu que dans le ciel prendre son origine.
Ainsi que dans leurs mœurs, tout est pur dans leurs lois.
C’est par eux qu’on apprend à respecter les rois,
Et que même aux Nérons on doit l’obéissance.
De Dieu, nous disent-ils, descend toute puissance ;